
Les facteurs de stress qui touchent et perturbent les enfants sont multiples, à notre époque de façon générale, et encore plus particulièrement en ce moment à cause de la crise que nous traversons. Fragmentation de la cellule familiale, désaccords parentaux, perte de repères, pression scolaire, utilisation abusive des écrans, confrontation à la violence, et plus récemment peur du virus, de la maladie d'un proche, distanciation. Comment la sophrologie peut-elle accompagner les enfants pour les éveiller au bien-être ? Quelles sont les techniques sophrologiques utilisées selon l'âge de l'enfant ? Quel est l'apport de la sophrologie pour les enfants dans le contexte actuel du Covid-19 ?
La sophrologie pour les enfants, à quoi ça sert ?
L'enfant n'est pas un adulte en miniature ! À l'âge adulte, on peut avoir conscience de son stress, et chercher les outils qui vont aider à le tenir à distance, dont la sophrologie, pour vivre en harmonie avec soi-même et avec son environnement. L'enfant, lui, doit passer par l'adulte pour trouver cette harmonie, et il appartient donc aux adultes qui l'entourent de mettre à sa disposition des outils simples, ludiques et efficaces qui l'aideront à s'épanouir.
La sophrologie repose sur plusieurs techniques qui permettent donc de varier le contenu d'une séance : techniques de respiration, mouvements de détente musculaire et exercices de visualisation mentale. Toutes ces techniques sont adaptables à l'enfant, c'est-à-dire qu'il est possible de les proposer sous forme de jeu. Par exemple, la respiration abdominale : là où un adulte va porter son attention sur son ventre et "respirer par le ventre" en pleine conscience, on va plutôt demander à un enfant de poser une peluche ou un doudou sur son ventre, et l'inviter à "faire monter et descendre" le doudou en respirant, comme si le doudou était dans un ascenseur.
Pour un enfant, les motifs de consultation en sophrologie les plus fréquents sont :
- le sommeil perturbé
- le stress scolaire et la pression
- les débordements émotionnels, et notamment les colères
- l'agitation à l'école et/ou à la maison et le manque de concentration
- la timidité et les difficultés relationnelles
- l'anxiété, la nervosité et les angoisses
- les maux douleurs chroniques (maux de ventre, maux de tête ...)
- le manque de confiance en soi

Quelles techniques sophrologiques pour quel âge ?
Entre 3 et 6 ans, l'enfant oriente spontanément toutes ses activités vers le jeu : il n'aime pas rester assis, il discute un peu mais pas trop ... Il a besoin de mouvement ! On va donc pouvoir utiliser en sophrologie de nombreuses techniques de relaxation dynamique.
Lorsque nous pensons à la relaxation, nous pensons la plupart du temps à quelque chose de passif, à ne pas bouger. Or, et en particulier avec les enfants, la moitié d’une séance de sophrologie est consacrée à des exercices qui permettent de se relaxer en bougeant ! En effet, il n’est tout simplement pas possible d’être tendu physiquement et zen mentalement ou l’inverse. Pour la détente, c’est donc le même processus : la détente physique apporte la détente mentale et vice-versa. En contractant ces muscles volontairement pendant quelques secondes (à travers les différents mouvements des exercices de relaxation dynamique) l'enfant va ensuite les relâcher. Et là être capable de ressentir ce qu’est le relâchement !
Par exemple, le jeu du coussin : l'enfant prend dans ses mains un coussin, il imagine mettre à l'intérieur tout ce qui le rend triste, tout ce qui lui fait peur, ou tout ce qui le met en colère, puis il inspire profondément en levant le coussin au-dessus de sa tête, s'étire en retenant l'air, et souffle en jetant le coussin au sol. Cet exercice permet de décharger les tensions provoquées par des émotions désagréables. Il peut être réalisé en séance avec le parent accompagnant, et il peut être refait à la maison.
Entre 6 et 12 ans, l'enfant discute davantage, il élabore des projets, a soif de connaissances. C'est aussi à cet âge que les relations avec les parents peuvent devenir difficiles, car l'enfant est plein d'ardeur, rempli d'émotions, il peut parfois récriminer, s'opposer, parfois de façon spectaculaire ! Sa pensée peut évoquer un lieu, des objets, symboliques, on va donc pouvoir utiliser la visualisation mentale.
En visualisation, il s'agit de se représenter une situation agréable, dans laquelle on se sent bien, et de prendre pleinement conscience des sensations agréables ressenties. Par exemple, on peut très bien en sophrologie préparer avec un enfant une situation à venir. Si l'enfant a peur de réciter une poésie devant toute la classe, on va en séance amener l'enfant à se projeter positivement dans cette situation et imaginer qu'il va réussir. Ce vécu positif va lui donner confiance, et l'amener à envisager que tout ne sera peut-être pas parfait, mais tout va bien se passer !

Quel est l'apport de la sophrologie pour les enfants dans le contexte actuel du Covid-19 ?
La crise que nous avons traversée, même si nous en sortons progressivement, a généré beaucoup d'émotions fortes, et parfois désagréables, pour les enfants. Elle les a rendus tristes (par exemple, tristes de ne pas voir leurs copains, leurs grands parents), ou les mettre en colère (par exemple, certains jours où ils n'avaient pas du tout envie de faire l'école à la maison !).
Elle leur a aussi fait très peur : peur de la maladie, pour eux-mêmes et pour leurs proches, peur de devoir restés confinés longtemps, peur du monde d'après ... La peur est certes un sentiment naturel, un réflexe de protection archaïque qui incite à se figer ou à fuir, mais elle induit souvent un manque de confiance et un sentiment d'insécurité qui peuvent perdurer à l'âge adulte.
Or, l'enfant ne se développe harmonieusement que s'il éprouve un sentiment de sécurité. La sophrologie va pouvoir réactiver ce sentiment de sécurité, rien qu'avec la respiration. Se poser, se concentrer sur sa respiration, y trouver un réconfort, se mettre dans sa bulle, c'est déjà tenir la peur à distance et garder le contrôle.
La respiration, et plus particulièrement l'expiration, permet aussi de relâcher ses peurs. On inspire, on retient l'air, on fait une grimace ou on sert très fort les poings par exemple, et on relâche en soufflant : on relâche les peurs, les tensions, les appréhensions, le stress.
Céline MESTRE
Sophrologue à Cormeilles-en-Parisis
06.82.88.95.52